Ce projet de recherche, dirigé par la professeure Rousseau, spécialisée dans les questions de réparation d’injustices historiques, traite des enjeux contemporains entourant la conservation du patrimoine du camp d’internement Spirit Lake (1915-1917), situé près d’Amos en Abitibi. Le Camp Spirit Lake (dont l’endroit est aujourd’hui désigné par La Ferme ou Trécesson) est l’un des 24 camps d’internement qui ont enfermé des prisonniers politiques, plus particulièrement des ressortissants dont la majorité était d’origine ukrainienne, durant la Première Guerre mondiale (Luciuk, 2001; Kordan, 2002). Au-delà de la privation de leur liberté, la suspension de leurs droits, ainsi que la déportation vers les sites d’internement, le travail forcé – notamment le défrichage nécessaire à l’industrie forestière et à l’introduction de l’agriculture – était la principale occupation de plus de 1200 prisonniers (Laflamme, 1989; Massicotte, 1998; Labrèche, 2018). Ce pan de l’histoire canadienne et québécoise, à la fois liée aux politiques fédérales d’immigrations, mais aussi aux politiques québécoises de colonisation des territoires, a longtemps été oblitéré des livres d’histoire et des mémoires collectives. C’est pourquoi, en 2011, la création d’un Centre d’interprétation (par la Corporation Camp Spirit Lake) visait à conserver, protéger et interpréter le site historique unique de ce camp de détention. En 2018, à la suite de difficultés financières (dont une dette de près de 200 000$) et la démission d’une majorité des administrateurs de la Corporation Camp Spirit Lake, la décision a été prise de fermer le Centre d’interprétation du Camp Spirit Lake et de démanteler l’exposition commémorative destinée à la commémoration de l’expérience des personnes internées.
En quoi consistait le projet mémoriel du Centre d’interprétation du camp Spirit Lake (2011-2018) et qu’est-il advenu de ce projet à la suite de la fermeture du Centre?
Les objectifs de cette recherche sont :
-1) Mettre en valeur le patrimoine historique entourant le camp Spirit Lake
-2) Documenter le travail de mémoire entamé par la Corporation Camp Spirit Lake et le Centre d’interprétation
-3) Transférer nos observations aux citoyens-nes de Trécesson et d’Amos, ainsi qu’à la population québécoise et canadienne de manière générale.
Retombées et contribution du projet :
Ce projet vise à mieux comprendre les enjeux de transmission, de préservation et de valorisation du patrimoine historique du Camp Spirit Lake, permettra non seulement de rendre visible des rapports de force à l’œuvre dans la négociation du patrimoine lié à l’internement durant la Première Guerre mondiale, mais participera au devoir de mémoire en produisant des analyses qui pourront, cela est notre souhait, faire renaître les volontés de préserver ce lieu de mémoire et de développer des initiatives misant sur l’éducation. Cela sera rendu possible en rendant nos résultats de recherche accessibles (en français, en anglais) dans le but de faire persister l’histoire des internés ukrainiens, et ce, au-delà de fermeture du Centre en 2018.